Procession mariale aux flambeaux

En cette année 2023, la Ville de Nice a décidé de redonner sa solennité à la commémoration du Siège de 1543. Alors qu’en 1971, l’évêque de Nice avait décidé de suspendre la procession solennelle du 15 août conduite par les pénitents bleus. La mémoire du Siège franco-turc n’était plus entretenue que par l’hommage à Catherine Ségurane célébré chaque année le 17 novembre.

La Ville de Nice a donc décidé de transférer la fête de Catherine Ségurane au 15 août et de la coupler à une procession solennelle de l’Assomption qui reliera la chapelle du Saint-Sépulcre à l’église du Port. Cette formule devra permettre de renouer avec l’antique tradition du renouvellement du Voeu des Consuls pour remercier la Vierge du Sincaïre de sa protection lors du Siège de 1543.

C’est en présence de Christian Estrosi, maire de Nice, de notre évêque, Monseigneur Jean-Philippe Nault et de nombreux prêtres du diocèse, fidèles niçois, touristes que la procession est partie de la Chapelle du Saint Sépulcre, place Garibaldi, en passant par la rue Catherine Ségurane pour se diriger vers l’église Notre-Dame-du-Port.

Prières, chants, et danses folkloriques ont joliment honoré et loué Notre-Dame-du-Sincaïre.

Une carte accompagnée de la prière à Notre Dame du Sincaïre a été éditée et distribuée.

Félicitations à l’abbé Vincent pour la réussite de cette première édition.

Un merci sincère et particulier à tous les bénévoles de notre paroisse.

Quelques considérations sur le siège franco-ottoman de Nice en 1543

L’Histoire de Nice a été profondément marquée par l’attaque de la ville par les Ottomans et leurs alliés Français de juillet à septembre 1543.

La portée de l’événement

  1. Il s’agit d’un siège hors normes où se joue la survie des Etats de Savoie. En effet, dans la guerre qui oppose François Ier à Charles-Quint, le roi de France est sur le point de l’emporter. La Savoie et le Piémont sont pris. Il ne manque plus que Nice pour effacer de la carte politique les Etats de Savoie. Le duc de Savoie, Charles III, livre ici une bataille décisive. François Ier s’appuie sur les forces navales de l’Empire ottoman. 120 galères de combat sont dans la rade de Villefranche prêtes au débarquement de leurs soldats pour prendre la ville.
  1. Il s’agit d’un siège hors normes parce qu’il marque, une vingtaine d’années après la prise de Rhodes, la pénétration de l’Empire ottoman en Méditerranée occidentale. Une victoire turque aurait placé Gênes en difficulté et déstabilisé toute l’Italie. Le traitement des vaincus, civils y compris, à l’issue d’une telle bataille est de nature à terroriser la population.

Les faits du 15 août 1543

  1. Catherine Ségurane

Les fortifications niçoises, très modernisées depuis une dizaine d’années, permettent de résister.

Les assauts se succèdent depuis plus d’un mois. Celui du 15 août est décisif.

Les Ottomans sont repoussés sur le bastion Sincaîre au nord de la ville (entre la Stèle de Catherine Ségurane et la chapelle du Saint Sépulcre sur la place Garibaldi). Une femme, une lavandière dit-on, apparait comme l’âme de la résistance. Catherine Ségurane entre dans l’histoire.

L’acte fonde une légende sur laquelle on greffera de nombreux éléments de l’histoire de Nice.

Mais cet acte héroïque est aussi tissé de réalités. Cette histoire a été aussitôt racontée par les témoins, mise en ordre, transcrite dans des chroniques dont la plupart sont perdues depuis longtemps.

  1. La Vierge Marie

L’histoire de cet événement est immédiatement associée par les contemporains à une apparition de la Vierge Marie sur le bastion Sincaïre. Nous sommes en effet le 15 août.

La ville assiégée est aussi une ville en prières.

Les messes et les vêpres de ce jour font aussi partie de la bataille.

L’invisible éclaire la résistance.

Pour les assiégés le lien est fait entre la protection divine et l’héroïsme de Ségurane.

Le siège prend fin le 8 septembre. L’intervention de Marie est confirmée.

C’est ainsi que l’ont compris les témoins. C’est ainsi que l’interprèteront les autorités de la Ville en construisant en 1552, neuf ans après, une chapelle à Notre Dame de Sincaïre. En 1552, pour commémorer l’évènement glorieux, une chapelle en l’honneur de la Vierge est fondée à proximité de ce fort. La même année, les autorités municipales formulèrent un vœu en vertu duquel chaque 15 août « les consuls, le clergé et tout le peuple de Nice » devraient se rendre en cette chapelle Notre-Dame du Sincaïre pour remercier la Vierge du Secours de sa protection bienveillante.

                                                   Article rédigé par Michel